Elements of AI : pour en finir avec l'ultracrépidarianisme

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  1. Sorbonne, Helsinki et compagnie
  2. La formation
    1. Plan
    2. Contenu et interactions
    3. Interprétation du contenu
    4. Et après ?
  3. Conclusion

Souvent, je critique. Et, après coup, je m'informe. On fait — presque tous — cela.

Il m'arrive d'avoir tort, ou, en tout cas, de changer d'opinion après m'être renseigné. Honnêtement, c'est assez rare, mais ça arrive. Le meilleur exemple que je puisse vous donner est aussi le plus récent : alors que je critiquais vertement l'Intelligence Artificielle à travers plusieurs articles, j'ai fini par utiliser ChatGPT avec un enthousiasme non dissimulé.

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Mais, fondamentalement, ma culture générale concernant l'IA est relativement limitée. Discuter avec ChatGPT ou me faire conseiller par lui sur des sujets techniques, c'est vrai que c'est bien utile (surtout quand on fait n'importe quoi), mais ça ne me dit rien sur son fonctionnement. Et, si j'étais un véritable profane, j'entendrais beaucoup parler d'algorithmes sans vraiment savoir ce dont il s'agit.

Me refusant à être l'un de ces profanes, et toujours désireux d'étendre mes connaissances, je me suis mis en quête d'une formation consacrée à l'IA. Une vraie formation, dispensée par un organisme reconnu. J'étais prêt à casser mon CPF pour ça : forcément, une formation sur une technologie moderne doit coûter une certaine somme.

Mais, en fin de compte, je suis tombé sur une excellente formation dont je voulais absolument vous parler, et qui ne m'a rien coûté.

Sorbonne, Helsinki et compagnie

C'est par l'intermédiaire du portail de la transformation numérique des entreprises que je suis tombé dessus. Initialement dispensée par l'Université d'Helsinki, la formation est réalisable en français grâce à un partenariat avec la Sorbonne.

Il s'agit d'une formation certifiante, dont j'ignore totalement la valeur sur le marché de l'emploi. Tout ce que je peux vous dire de mon expérience personnelle, c'est que je l'ai trouvée très enrichissante. Comme 950 000 autres étudiants à travers le monde, excusez du peu.

Après avoir complété les six chapitres, on se retrouve gratifié d'un joli certificat tout ce qu'il y a de plus officiel, et tout ce qu'il y a de plus gratuit.

La formation

Plan

Elle est entièrement faisable à distance, et aucun rythme n'est imposé. Ils évoquent une durée de 30 heures pour les six chapitres, divisés en deux ou trois cours. J'y ai passé une heure par semaine et par chapitre, mais je ne suis précisément pas un profane, et je suis très motivé.

Comme dit, les six chapitres sont divisés en deux ou trois cours, et chaque cours peut faire l'objet d'un ou plusieurs exercices. Mais que l'on ne s'imagine pas des exercices "comme à l'école" : l'objectif est évidemment d'apprendre, mais en s'amusant.

Que cela soit par l'esthétique pop et colorée, par l'humour latent ou par les références de geeks, l'environnement d'apprentissage qui nous est offert est très plaisant, rassurant et engageant. C'est visuellement agréable, tant dans les couleurs, les images, la présentation du texte et les interactions. Et ces dernières sont assez nombreuses et diversifiées.

Tous les cours sont accessibles, même sans avoir créé un compte. Bien sûr, un compte reste nécessaire pour répondre aux questions, avoir un suivi, et obtenir le certificat.

Voici le plan de la formation :

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Le plan de la formation Elements of AI. Cliquez pour afficher l'image à sa taille réelle.

Comme vous pouvez le constater, la formation offre une vue d'ensemble sur l'Intelligence Artificielle : on aura assurément quelques cours assez techniques, requérant de se rappeler quelques notions simples de mathématiques, mais on aura aussi des cours plus réflexifs, voire franchement philosophiques. Et j'apprécie, et même très fortement, la neutralité de la formation.

Contenu et interactions

C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus motivé pour la réaliser. L'accent est mis sur l'accès à une culture universelle : tout le monde peut participer à cette formation, même sans aucun bagage technique, simplement pour savoir de quoi on parle, sans pour autant verser ni dans l'alarmisme primaire, ni dans l'exubérance des technologies "émergentes".

Du coup, les exercices aussi sont variés, bien que relativement peu nombreux : il y a 25 questions en tout, réparties sur les six chapitres. Il y a pas mal de questions ouvertes où l'on nous incite à la réflexion et à la philosophie. L'occasion d'être évalué par nos pairs : d'autres étudiants vont pouvoir lire et donner leur point de vue sur notre réflexion et vice-versa. Il n'y a pas de communication directe, mais on n'a pas l'impression de donner des réponses dans le vide : savoir que l'on sera lu devrait être incitatif à élaborer, et si on élabore, on réfléchit, et c'est tout le propos de cette formation.

Au-delà de ces quelques questions philosophiques, il y a des exercices plus fondamentaux, dont la difficulté est globalement très accessible. Occasionnellement, la formulation du problème d'un exercice peut prêter à confusion si l'on se précipite. Il faut bien lire le cours, parce que tout est dedans. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut faire du copier-coller (les exercices sont assez intelligemment posés pour ne pas le permettre), mais il faut lire et prendre son temps. Je sais que plus personne ne fait ni l'un ni l'autre, mais bon...

En outre, les exercices ne se limitent pas à répondre à des QCM : on aura aussi l'occasion de manipuler des graphiques, d'étudier des tableaux, poser des équations, et même, parfois, sortir un crayon et du papier. Et oui les jeunes, les technos du siècle dernier restent utiles... Enfin, vous me direz, on peut remplacer le crayon et le papier par un stylet et une tablette, mais le fait est que c'est une façon supplémentaire pour cette formation de nous inciter à nous poser et réfléchir.

Interprétation du contenu

Cette formation nous permet donc de combler quelques lacunes culturelles au sujet de l'IA, sans rentrer dans trop de détails techniques. Oui, on aborde la classification bayésienne et les réseaux de neurones, mais pas de façon académique. L'apprentissage a vocation, encore une fois, à apporter une culture générale, afin de pouvoir débattre de la question de manière éclairée.

Tout le projet pédagogique est sincèrement brillamment mis en œuvre. Ce n'est pas la gamification qu'on voit partout, ni l'industrialisation de l'apprentissage, ni l'avalanche d'informations universitaires. On avance tranquillement de cours en cours, on rate des exercices, mais ça ne fait rien parce qu'on apprend. Pour la première fois de ma vie, je suis une formation où être le premier de la classe ne compte pas, et même, où cela signifierait qu'on n'avait pas besoin de cette formation.

J'ai obtenu un score — que j'estime — très bas (par rapport à mes autres diplômes "académique", eux) : 65% de réponses justes seulement. Et, là aussi, pour la première fois de ma vie, je ne suis pas meurtri par un score aussi faible. Mon égo est habitué à faire la gueule quand il lui manque un point ou un demi-point pour avoir le score maximal, parce que c'est généralement dû à un prof qui saque (ça m'est arrivé sur la conception d'une méthode de validation d'une adresse email... elle était parfaite, mais hors sujet : paf, 2 points en moins...), ou une petite erreur d'inattention en raison du haut particulièrement moulant de la copine de classe (ou de la prof...), bref, dans ce genre de contexte, je suis en roues libres, je plane au-dessus de mes pairs, je les regarde de là-haut, insupportable je-sais-tout qui plie le match à chaque fois que la prof sort ses copies.

Là, l'ambiance est tellement loin des cours scolaires, et ne pas voir, ni les étudiants, ni les profs, est salvateur. On est face à soi-même, nous devons nous juger par rapport à ce que nous croyons savoir. Un exercice que personne ne fait "dans la vraie vie". Personne, à part les 950 000 étudiants de tous horizons. Des Français qui jugeront vos écrits, des jeunes, puisque vous avez probablement le double de leur âge. Des anglophones aussi, et des Finlandais, et d'autres encore. Un tel cosmopolite en devint enivrant : j'en aurais voulu plus, de ces intégrations. Moi, l'autiste misanthrope !

Alors, 65% parce que je suis allé trop vite, pour une formation où j'ai appris une foultitude de choses intéressantes et préparatoires, je considère que c'est un succès autant pour moi que pour l'université d'Helsinki. Je n'ai pas participé pour rien, les mains dans les poches. Et le fait de ne pas avoir obtenu 100% est un rappel que j'ai encore des choses à apprendre, et ça, dans mon état actuel, c'est une aubaine.

D'autant que la formation nous quitte, certes, sur un certificat, mais aussi sur un cliffhanger : ce que l'on vient de faire n'est que la première étape.

Et après ?

Car la conclusion de la formation nous offre plusieurs ressources à visiter pour étendre encore notre culture, et notamment une deuxième formation, toujours dispensée par l'Université d'Helsinki, où, cette fois-ci, l'objectif est a priori de développer une IA, notamment à l'aide de python mais aussi d'outils plus théoriques, accessibles aux non-devs. Elements of AI se révèle n'être que le premier volet d'une duologie, dont la séquelle, elle aussi gratuite, s'annonce diablement intéressante.

Conclusion

Que vous ayez peur de l'IA ou que vous en rêviez la nuit, que vous pensez qu'elle va nous exterminer ou voler votre travail, qu'elle puise dans nos ressources naturelles ou qu'elle amènera la paix sur terre, cette formation va vous donner une piqûre de rappel à la réalité. Plus de gens y assisteront, moins il y en aura pour faire de l'ultracrépidarianisme.

Je suis heureux et fier de l'avoir fait, et c'est avec enthousiasme que je vais m'atteler au deuxième volet.