The Lost World: Jurassic Park

  1. En bref
  2. Contexte
  3. Personnages
  4. Esthétique
  5. Bande-son
  6. Quelques reproches
  7. Les prémisses d'une "paléo-éthologie"
  8. Conclusion

En bref

Le Monde Perdu a la lourde tâche de succèder à Jurassic Park, ce qu'il ne parvient à faire que sur certains points.

Contexte

Le film sort en 1997, quatre ans après Jurassic Park. L'histoire se déroule également quatre ans après le premier film et marque le retour de Jeff Goldblum dans le rôle de Ian Malcom.

Personnages

J'étais un fan de la première heure du Dr Ian Malcom (et donc, de Jeff Goldblum) et c'est avec joie que je le retrouve dans le casting du Monde Perdu. Grosse déception en revanche sur le personnage : à des années-lumière du génial mathématicien imbu, drôle et charismatique, il est présenté dans ce second film comme un père célibataire névrosé. La performance de Jeff Goldblum est toujours excellente, mais Ian Malcom n'est plus vraiment Ian Malcom, et c'est dommage.

Spoiler

Dans l'arc Jurassic World, Ian Malcom est parfait : une juste évolution du personnage, devenu barbu et grisonnant, dégageant cette aura du scientifique accompli si particulière. À condition d'oublier ce qu'il est dans Le Monde Perdu.

Spoiler

Dans Jurassic Park, Malcom dit à Grant qu'il a trois enfants. Dommage qu'on ne parle que de Kelly ici et jamais des autres, même plus tard dans Jurassic World, surtout qu'il "adore les gosses" ! À quoi a servi cette scène de Jurassic Park si elle n'est pas développée plus tard ?

Nick van Owen (incarné par Vince Vaughn) colle presque mieux au personnage de Malcom que Malcom lui-même, la classe en moins. Je note en revanche que Nick permet d'introduire une notion nouvelle dans la saga : l'activisme écologique, bien que survolé ici, mais qui se retrouvera dans Jurassic World.

Juliane Moore, que j'aime beaucoup, incarne le Dr Sarah Harding. Son personnage est intéressant dans la mesure où je la vois comme un précurseur de Owen Grady dans Jurassic World. Bien que le film originel s'intéresse un peu au comportement des dinosaures (Alan Grant qui découvre certaines moeurs des Velociraptor), c'est un sujet un peu plus étoffé dans Le Monde Perdu (et de plus en plus au fil de la saga). Sans aller jusqu'à la création d'un lien avec les dinosaures, le point de vue de Sarah est celui d'une naturaliste qui découvre de nouvelles espèces et documente leur mode de vie.

On se rend compte, en regardant la saga dans son ensemble, qu'il y a un type de personnage qui revient assez souvent : le "grand chasseur blanc", reconnaissable à sa tenue. Il s'agissait de Muldoon dans Jurassic Park, ce sera Wheatley dans Fallen Kingdom, et c'est Roland Tembo dans Le Monde Perdu, incarné par Pete Postlethwaite.

Citons l'apparition anecdotique de Camilla Belle tout au début du film dans l'un de ses premiers rôles, mais aussi - et surtout - la dernière apparition de Richard Attenborough.

Enfin, on retrouve - très rapidement - Tim et Lex, les petits enfants de John Hammond, toujours incarnés par Joseph Mazzello et Ariana Richards, qui ont bien grandis en quatre ans ! Malheureusement, leur rôle est très limité ici, et il faudra attendre Jurassic World: Dominion à paraitre en 2022 pour les revoir.

On regrette un peu l'absence du Dr Wu (incarné par B. D. Wong), mais qui finalement n'aurait pas grand chose à faire ici, car il n'est point question de génétique et de science avant-gardiste dans Le Monde Perdu.

Esthétique

On retrouve quelques animatroniques, plus ou moins réussies ou, en tout cas, qui n'ont pas forcément bien vieilli (le bébé Stegosaurus par exemple). Les animations par ordinateur sont, en revanche, très bonnes pour l'époque et restent très agréables à regarder, même plus de vingt ans plus tard.

Si, dans le film, on se trouve sur une île différente, le tournage a bien eu lieu (en partie) dans les îles de Hawaii, immédiatement reconnaissables, et qui confèrent toujours cette ambiance si particulière de jungle mystérieuse. En outre, les extérieurs sont un peu plus variés que dans le premier film. Certains plans de la fin du film m'ont vraiment marqué.

Spoiler

Ce paysage avec la famille rex, les grands herbivores sur la droite, donne l'impression de voir une scène typique du Crétacé. Peut-être le plan le plus réussi, en tout cas l'un des plus marquants, du Monde Perdu.

En ce qui concerne les intérieurs, on peut voir une partie du manoir de Hammond. Une vraie réussite, qui se rappellera à notre souvenir en voyant le manoir de son ami Benjamin Lockwood dans Jurassic World: Fallen Kingdom. Un intérieur digne d'un riche naturaliste, boisé, noble, immense. Quant aux intérieurs des bâtiments de l'île, ils ont pris cher en quatre ans... Peu nombreux, ils sont néanmoins détaillés, envahis de terre, de poussières, de végétaux et de moisissures.

On découvre également une nouvelle esthétique pour le matériel d'InGen, en particulier en ce qui concerne le camion et sa remorque qui font envie, mais aussi et surtout la Mercedes d'Eddie qui, bien que moins colorée que les Ford Explorer de Jurassic Park, est une digne icône du Monde Perdu. Elle aussi prend cher, par contre !

Bande-son

John Williams est à nouveau aux commandes de la musique, et comme d'habitude, c'est une merveille. On reconnait à la fois John Williams et Jurassic Park, sans le plagier. Cela fait depuis longtemps qu'il n'est plus nécessaire de démontrer que Williams est un génie, mais une petite preuve supplémentaire de temps en temps ne peut pas faire de mal !

Côté bruitages, Spielberg a repris les ingrédients qui ont fait le succès du premier opus : récupérer des cris d'animaux réels et les travailler jusqu'à obtenir quelque chose de satisfaisant. Les dinosaures ont de la voix, leurs cris sont variés, et favorisent leur cohérence. Le reste des bruitages a par contre tendance à être un peu exagéré, mais cela semble une habitude avec Spielberg. Vous vous rappelez le bruit de glissement de Dennis Nedry dans Jurassic Park ? Et bien, Le Monde Perdu en a plein de tout aussi affreux...

Quelques reproches

Spoiler

Je suis toujours consterné par le ridicule de la scène de Kelly qui tue un raptor en faisant de la gymnastique. C'est tellement embarassant...

Peu après cette scène, le bateau arrive à San Diego. Tout le monde est mort, déchiqueté. On trouve un bras sans le reste du corps, agrippé au bouton pour ouvrir et fermer la cale dans laquelle se trouve le T. rex. Qu'est-ce qui a bien pu tuer tout le monde à bord, tout en étant capable de se faufiler dans des portes de cabine d'un bateau et grimper aux escaliers étroits, sachant que le bébé est encore sédaté en arrivant, et surtout, qu'il est arrivé par hélicoptère ?

Les prémisses d'une "paléo-éthologie"

Loin de ne s'intéresser qu'à une seule espèce (comme les Velociraptor dans Jurassic Park les films suivants), Le Monde Perdu explore les relations sociales des dinosaures, peut-être pas de façon complexe mais en tout cas en se reposant sur les connaissances ou théories scientifiques de l'époque. En cela, Le Monde Perdu est le digne héritier de Jurassic Park.

La parentalité semble être un sujet ayant une place particulière ici : qu'il s'agisse des Stegosaurus ou des Tyrannosaurus rex, et même de Ian Malcom (!), le rôle des parents est omniprésent dans ce film, jusque dans les dernières minutes.

J'aime beaucoup ces séquences, et contribuent grandement à mon intérêt croissant au fil des épisodes, y compris le dernier de la trilogie avant Jurassic World.

Conclusion

Les thèmes scientifiques abordés dans Le Monde Perdu sont intéressants, autant de par leur originalité dans une oeuvre de fiction que par leur exactitude, compte tenu des connaissances scientifiques de l'époque. La musique est emblématique, comme l'a déjà été celle de Jurassic Park, et les animations par ordinateur sont de bonne facture.

Toutefois, je trouve que le film est miné par un Ian Malcom beaucoup moins charismatique, des animatroniques un cran en dessous de celles de son prédécesseur (à l'exception peut-être des T. rex), et les quelques reproches mentionnés plus haut.

Je suis en particulier d'accord avec certaines critiques (et c'est plutôt rare) concernant le développement des personnages, en retrait par rapport à celui des dinosaures, même si, finalement, ce sont eux, les vraies stars du film...